Quand le journal « le monde » décida de relayer une fake news plus édifiante que celle des armes de destructions massives en Irak.

La propagande, la manipulation informationnelle, la connivence des organes de presse, même dans les pays dits «démocratiques » produisent parfois les effets escomptés par ceux qui les ont initiés.

L’invention du fameux casus belli, repris dans la déclaration de Colin Powell, brandissant une fiole supposée contenir de l’Anthrax et affirmant la présence d’armes de destructions massives en Irak, fonctionna correctement.

Cependant quelques pays et quelques lignes éditoriales notamment française n’achetèrent pas ce narratif.

Colin Powell à l’ONU le 5 février 2003

Par contraste et pourtant dans le même registre, peu de français et d’européens ont entendu parler du plan « PODKOVA » (Fer-à-Cheval).

Le « Monde diplomatique » qualifia ce plan conçu de toute pièce par le ministre de La Défense allemand, le social-démocrate Rudolf Scharping, dont les propos furent repris par les médias, de « plus grand bobard de la fin du siècle ».

Voici ce que la presse relaya sans la moindre vérification :

Les Serbes commettent un « génocide », « jouent au football avec des têtes coupées, dépècent des cadavres, arrachent les fœtus des femmes enceintes tuées et les font griller » (Propos du ministre Allemand de la défense)

Ils ont tué « de 100 000 à 500 000 personnes » (TF1, 20 avril 1999), incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » (The Daily Mirror, 7 juillet)

Aujourd’hui, il est établi que toutes ces informations furent inventées, forgées, au point que la procureure Carla Del Ponte « n’y fera même pas référence dans l’acte d’accusation de Milošević en 1999 puis en 2001. »

Le journal « Le Monde » diffusera ces informations insistant avec beaucoup de zèle sur ces atrocités non avérées sans avoir même pris le soin de vérifier l’information.

Edwy Plenel, alors directeur de la rédaction admettra avoir « fait le choix de l’intervention ».

Rappelons qu’aucune décision du conseil de sécurité autorisa cette intervention.

Or l’article 53 de la charte des nations unies dispose en ces termes :

« Le Conseil de sécurité utilise, s’il y a lieu, les accords ou organismes régionaux pour l’application des mesures coercitives prises sous son autorité.


Toutefois, aucune action coercitive ne sera entreprise en vertu d’accords régionaux ou par des organismes régionaux sans l’autorisation du Conseil de sécurité;

sont exceptées les mesures contre tout Etat ennemi au sens de la définition donnée au paragraphe 2 du présent Article, prévues en application de l’Article 107 ou dans les accords régionaux dirigés contre la reprise, par un tel Etat, d’une politique d’agression, jusqu’au moment où l’Organisation pourra, à la demande des gouvernements intéressés, être chargée de la tâche de prévenir toute nouvelle agression de la part d’un tel Etat.

C’est pourquoi, l’intervention de l’OTAN fut considérée par la plupart des juristes comme contraire au droit international puisque les frappes contre la Serbie n’avaient jamais été autorisées par le conseil de sécurité.

Certains juristes cependant, tout en admettant que l’action de l’OTAN était manifestement illégale, tentèrent de trouver une justification fondée sur une nécessité humanitaire.

Mais revenons à notre question :

Est-il acceptable qu’un journal parce qu’il a fait un choix politique, en l’espèce le choix de l’intervention puisse se permettre de relayer sciemment de la propagande d’Etat ?

Pour tenter d’y répondre nous nous contenterons de poser les questions suivantes :

Les organismes publics européens ou les journaux occidentaux doivent-ils utiliser les mêmes techniques de propagande que celles qu’ils déclarent réprouver ?

Peut-on omettre une information parce qu’elle dessert un but considéré comme louable ?

Peut-on se dispenser sciemment de réaliser le travail de vérification des sources et de recoupement du journaliste au motif que le narratif relayée soutient l’agenda politique que l’on défend ?

Même si l’usage de la propagande par les organisations publiques d’Europe de l’Ouest et sa diffusion en l’état par les journaux en phase avec leurs objectifs politiques peut servir des objectifs à court terme, quelles conséquences sur la confiance dans les gouvernements dits « démocratiques » sur le moyen et le long terme ?

Comment combattre le « véritable » complotisme, si l’usage normal de l’esprit critique permet à chacun de constater que même les états démocratiques usent et abusent de la propagande ?

Comment admettre qu’une entité qui a menti sciemment ne mentira plus à l’avenir ?

Rudolf Scharping a-il été traduit devant un tribunal ?

Est-ce normal que les serbes ait aujourd’hui conservé un fort ressentiment contre l’OTAN ?

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