« Attention fils, la mosquée, c’est de la politique ! La foi c’est entre Dieu et toi, nul besoin d’intermédiaires. Reste à la maison » (La maman d’Habib)

Il y a peu, je diffusais sur Linkedin un post sur ce prédicateur salafiste dénommé Hassan Iquioussen. Je m’exprimais en ces termes :

« Voici ce que se plait à déclarer ce prêcheur de haine, cette petite frappe dogmatique à la nuque raide qui fait honte à l’islam, ce cerveau ridicule dans lequel l’ignorance et la bêtise ont trouvé un extraordinaire terrain de jeu.

« Chez nous, un traître collabo on lui met douze balles dans la tête» (à propos des apostats), « Seul le Coran est un livre saint. Les lois françaises n’y changeraient rien, lois qui sont instituées par un gouvernement manipulé par les juifs », fiché S, des millions de vues sur les réseaux sociaux, un discours piteux et haineux, une interprétation littérale des textes sacralisés, le refus de considérer que les versets anti-juifs présents dans le Coran sont des versets de circonstances liés au contexte médinois et considérés comme caduques par la majorité des musulmans, l’ignorance et le ressentiment comme fond de commerce.

Habib, une personne dont j’apprécie l’honnêteté, l’enthousiasme, le caractère positif, l’ouverture d’esprit, la gentillesse, déposa alors ce commentaire :

« Vous savez ce qui est triste? C’est que cette rhétorique est banalisée depuis la fin des années 80 et validée par le silence des musulmans de France.

Pourquoi se taire, pourquoi ne pas détricoter ces inepties (comme vous le faites)???

Lorsque j’ai voulu allé dans des mosquées plus jeune, ma maman m’a averti :

Attention fils, la mosquée, c’est de la politique ! La foi c’est entre Dieu et toi, nul besoin d’intermédiaires. Reste à la maison.

« J’ai vu, j’ai entendu et la déception a été immense. Comment pouvait-on banaliser des discours imprégnés du rejet de l’autre sans réagir ?

Depuis, que dieu me pardonne, je tente d’être droit et bon chaque jour, mais loin de tout cela. « 

Je pense que ce témoignage vaut bien plus que toutes les études sociologiques jargonnantes.

Par provocation ou par optimisme, j’affirmais entre les lignes de ce post que la plupart des français musulmans, car nous sommes d’abord français avant d’être catholiques, musulmans, bouddhistes, juifs, zoroastriens…, étaient spirituellement en avance sur la plupart de leurs imams.

Car oui, même s’ils ne l’affirment pas ouvertement, les français musulmans qui raisonnent refuseront toujours de considérer les versets anti-juifs du Coran comme des versets éternellement signifiants.

Au contraire ces musulmans qui surpassent en sagesse bon nombre de leurs imams ont compris que les versets anti-juifs du Coran sont des versets de circonstance, des versets conjoncturels liés au contexte médinois du VIIième siècle dont le contenu est évidemment frappé de caducité.

Ces français musulmans qui ne supportent pas cette confusion entre la religion et le politique, entre le spirituel et le temporel, vont souvent bien plus loin que certains intellectuels musulmans incapables de franchir le cap.

Je pense notamment à Rachid Benzine, qui dans son ouvrage «  Le Coran expliqué aux jeunes », sous couvert d’ouverture et d’un vocabulaire d’universitaire raisonnable, se cramponne à l’orthodoxie sunnite.

Dans « le Coran expliqué aux jeunes », cet enseignant à l’IEP d’Aix en Provence à la date de publication de son livre, nous dit « Si un djihadiste cherche un passage violent (dans le Coran), il le trouvera, et il se dira conforté dans ce qui est en fait sa propre opinion préconçue du Coran. »

Sur la question de la violence textuelle du Coran à l’égard des juifs, à la question suivante « Cette violence à l’égard des juifs choque beaucoup nos contemporains. Quelles explications lui donner ? », l’auteur répond ainsi « Il ne se faut jamais séparer le coran de sa culture ».

Enfin, à la question : « Peut-on faire comme si les règles coraniques étaient dépassées et dire qu’elles ne sont plus valables aujourd’hui ? » , il répond : « Non. Si l’on dit cela, on laisse croire que le Coran est défaillant ou dépassé... »

L’analyse rapide de sa réponse laisse percevoir un authentique malaise.

En effet, l’auteur est finalement réduit à devoir fonder sa réponse sur une simple pétition de principe, sur un raisonnement circulaire, puisqu’en réponse à la question « Peut-on faire comme si les règles coraniques étaient dépassées », il affirme « « Non. Si l’on dit cela, on laisse croire que le Coran est défaillant ou dépassé ». La réponse est donc contenue dans la question.

Or il ne s’agit pas d’affirmer que le Coran est dépassé mais de déclarer haut et fort que certains versets n’ont qu’un intérêt historique et ne sont porteurs d’aucune signification pour le présent.

Cela, cet universitaire ne parvient pas à le faire

Il admet que le contenu les versets anti-juifs, des versets anti-mécréants, des versets cruels… doivent être reliés au contexte de la période médinoise, période pendant laquelle Mohammed, n’était plus le simple « avertisseur » qu’il était à la Mecque, mais le chef d’une communauté humaine en charge des affaires politiques, juridiques et militaires, tout en refusant d’en tirer les conclusions logiques qui découlent du caractère contextuel de ces versets, à savoir leur caducité.

En conclusion, il n’est pas insensé d’affirmer que l’Islam de France ne doit compter ni sur la majorité de ses imams, trop attachée à certains dogmes, ni sur certains universitaires, qui au lieu de franchir le pas de la caducité que de nombreux musulmans ont franchi, préfèrent se cramponner à une orthodoxie sunnite dont la frontière avec le salafisme et l’intégrisme a cessé d’être étanche.

La conclusion, c’est que l’avenir de l’islam de France n’est pas entre les mains des imams mais appartient aux françaises musulmanes et aux français musulmans capables de porter un discours spirituel de vérité aussi beau que celui de la mère de mon ami Habib.

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